samedi 18 juin 2016

Les Bleus foudroyés par une Griez cardiaque

Au terme d'un match à la fois haletant et stressant les Bleus l'ont emporté 2-0 face à l'Albanie. Griezmann sorti du banc de touche a débloqué la situation à la 89ème minute sur le 1er tir cadré de la partie, côté français. Désormais qualifié pour les huitièmes de finale, le match contre la Suisse a pour seul enjeu la première place du groupe. Il va falloir remettre le bleu de chauffe messieurs. 
Ensuite à force de nous faire attendre, c'est à se demander si  l'équipe de France n'a pas signé de contrat avec TF1 ... en effet si de tels matches sont bons pour les audiences, ils le sont beaucoup moins pour les cœurs des supporters.

Les Tricolores commencent à prendre la mauvaise habitude, façon Raymond Souplex,  de déverrouiller les matches dans les 5 dernières minutes. Il est possible d'y voir du positif, la force mentale et collective de nos Bleus ne lâchant rien. Cependant cela sous-tend également leur incapacité chronique à trouver la faille plus tôt dans la partie. 
Ensuite le match a pris un tout autre tournant à la pause. Deschamps a décidé de revoir sa copie en changeant de de système de jeu. Le 4-2-3-1 est un pari raté. Il permet la rigueur défensive, cependant les joueurs semblent bridés. Les latéraux ne montent pas aider au surnombre en phase offensive. Puis Dimitri Payet censé être le chef d'orchestre en étant posté en numéro 10, a joué beaucoup trop bas. Ce système de jeu semble alors être, comme le signifie Paul Le Guen,  une "solution de fin de match".

Deschamps a encore montré qu'il savait s'adapter aux situations. Il a admis son échec en changeant d'homme et de système à la pause. Le retour au 4-3-3 conjugué à la rentrée de Pogba ont permis aux Bleus de retrouver des couleurs.
Si ce système de jeu permet la mise en action de cinq joueurs en phase en offensive, il libère cependant les espaces en phase défensive et facilite les contres-attaques.
Ensuite laisser Griezmann sur le banc correspond à un coaching gagnant de la part du sélectionneur tricolore. En effet piqué  dans son orgueil le madrilène a répondu de la meilleure des manières. Son but a libéré les Bleus et lui permet enfin de lancer son Euro. Griezmann a donc répondu présent affirmant ainsi son leadership. C'est lui, le patron de l'attaque française. Espérons que cela continue face à la sélection helvète.

©L'Equipe

Martial est passé à coté de son match. Celui qui a survolé cette saison en Angleterre, allant même imposer la loi Martial à Old Trafford, a coulé au Vélodrome. Avec l'échec du 4-2-3-1 et les prestations abouties de Payet, il semble être promis au banc de touche. A lui de saisir sa chance quand il en sortira. Son rôle de joker doit lui permettre d'enlever cette pression qu'il semble se mettre.
Quant à Kanté, il ne semble ne pas vouloir partager sa part de gâteau avec Matuidi. Il s'est senti plus à l'aise seul en sentinelle, devant la défense. Plus les matches passent, plus il semble s’imposer comme étant le leader de l’entre-jeu tricolore.

Le changement de système a également bénéficié à Dimitri Payet. Le réunionnais a été plus influent en seconde période au poste d'ailier gauche qu'en première en étant meneur de jeu. Il descendait trop bas pour touché le ballon alors que son rôle était d'être au plus proche de la surface afin de mener les attaques françaises. Il est cependant resté dangereux tout au long de la partie sur phase arrêtée, corrigeant le tir du match d'ouverture où sa précision d'orfèvre lui avait fait défaut.
En seconde période le Hammer a donc retrouvé son côté gauche, où il possède ses repères en club comme en sélection désormais. Payet n'est pas un ailier pur, il adore dézoner et il le fait très bien. En revanche il lui est arrivé de rester sur son côté et de distiller des merveilles de centres à destination de l'avant garde française.
La délivrance est venu d'un but de Griezmann sur un centre d'Adil Rami. Le bastiais a réussi, son 1er centre en équipe de France, un missile à tête chercheuse. Le madrilène connaissait les codes de lancement, lui permettant d'envoyer le cuir au fond des filets.

Finalement Deschamps a pointé du doigt la pelouse déplorable du Vélodrome. En effet elle est indigne d'un Euro. La pelouse peut expliquer en partie le déchet technique des Bleus mais seulement en partie ...

samedi 11 juin 2016

Un début entre stress et Payet


Les entrées en matière dans les compétitions ne sont jamais simples, qui plus est, lorsque c'est le match d'ouverture de votre Euro. La France n'a donc pas dérogé à la règle. Un match étriqué, une France timorée mais une victoire à la clef. Les Bleus se sont sortis du piège roumain, évitant ainsi une déconvenue quelque peu malvenue.

Tout n'est pas parfait mais qu'importe, le plus important reste la victoire et les 3 points engrangés. Le scénario du match et la tactique des roumains étaient prévisibles. Un bloc jouant très bas, ressortant les ballons en les catapultant sur Rami. Manque de chance, hier soir, il était impérial dans les airs. Le natif de Bastia a tout bonnement été « adil » de la tête. Il n'y a pas à dire, il est ce Rami qui vous veut du bien. Souvent décrié et moqué, Rami a répondu présent en étant tout ce qui le caractérise. Un joueur physique, dur sur l'homme et allant au duel sans broncher. Il est rentré dans son Euro et pour l'instant ça semble être le bon scénario.

Si Rami a plutôt assuré et rassuré à la fois, il n'en est pas de même pour Pogba et Griezmann. Le turinois et le madrilène ont été décevants hier. A leurs décharges, Griezmann a joué 62 matchs avec son club cette saison tout comme Pogba à quelques matches près. Ils ne sont pas les seules certes mais leurs jeux nécessitent une fraîcheur et la pleine capacité de leurs moyens. Ils vont monter en puissance c'est une certitude. Préparez-vous à les voir exploser lors de cet Euro.



©L'Equipe
La France a encaissé un but sur pénalty suite à une obstruction d'Evra. Tonton Pat est totalement passé à côté de son match. Il dit qu'il était prêt à mourir pour ce maillot, qu'il se rassure, un bon match suffirait amplement. A contrario, Bacary Sagna a livré une copie plus que correcte, sur la lancée de son match contre l'Ecosse. Il a bien failli se muer en passeur décisif pour Griezmann. Mais le madrilène a manqué sa reprise.
Ensuite, le 4-3-3 des Bleus avec Payet et Griezmann en soutien de Giroud nécessite un gros travail offensif des latéraux. En effet nos deux ailiers aiment dézoner et ainsi repiquer dans l'axe, c'est alors qu'Evra et Sagna doivent prendre le relais dans les couloirs. La réussite n'était pas des deux côtés malheureusement. Le résultat, à l'image de la politique de notre pays, penche très à droite. Alors en oncle sage, Patrice « arrête de jouer au con et rectifie nous le tir ! ». Le mancunien, lui, a répondu présent, « guess who is Bac ! »

Kanté au milieu a réalisé une superbe performance. Peu importe le poste qu'il occupe, il reste ce joueur extraordinaire. Dans son rôle inhabituel de sentinelle, il a délivré 70 passes. Le champion d’Angleterre a eu très peu de déchet technique malgré des prises de risque. Il n'y a pas à dire, avec N'Golo le Kanté bon.
Ensuite, Dimitri Payet a fait étalage de son immense talent. Il a commencé par délivrer un caviar sur la tête de Giroud, marquant au passage son 8ème but sur ses 8 dernières sélections. Puis, l'éclair de génie est arrivé. Une frappe des 18m en pleine lucarne et cela à la 89ème minute de jeu.
Les grands joueurs ne font peut-être pas les grandes équipes mais ils peuvent changer le destin de matches. 3 des 4 buts du réunionnais en Bleu ont été inscrit après la 89ème minute. Payet est indéniablement un de ceux-là.

Personne n'avait pronostiqué un match aussi stressant. Les plus nostalgiques avaient parié sur un 3-0. Les plus fous sur un 49-3, n'est-ce pas Manuel. L'histoire se souviendra surtout du but de Payet et de ses larmes. Épatant et touchant à la fois.
Les joueurs ne sont pas les seuls artisans de cette victoire. Didier Deschamps a su prendre ses responsabilités en sortant Giezmann et Pogba pour Coman et Martial. Sans oublier son passage en 4-2-3-1. Le basque a réussi son match. Alors faisons un rêve, un peu fou et donnons-nous rendez-vous le 10 juillet sur les coups de 23h00. Didier semble avoir tracé la voie des Champs.

mardi 19 avril 2016

Anfield Red dingue de Klopp

"All you need is Klopp" serait-il en passe de devenir l'hymne de Liverpool. Le technicien allemand est en train de révolutionner le club de la Mersey. Avec le "Normal One", Liverpool a signé de larges et belles victoires contre Chelsea (1-3) à Stamford Bridge et Manchester City (1-4) à l'Etihad Stadium. L'alchimie entre ce club historique et l'allemand a pris après trois matchs nuls consécutifs. Désormais l'équipe s'avère bien lancée. Liverpool n'est plus seul et sa marche en avant semble se dessiner.

Jeudi dernier, le club s'est qualifié pour les demi-finales de la Ligue Europa en disposant du Borussia Dortmund au terme d'un match retour tout bonnement miraculeux. En effet après avoir été mené 2-0 puis 3-1, les anglais ont réussi l'exploit de s'imposer 4-3 dans les arrêts de jeu. Simplement fabuleux.
Cette équipe redevient cette machine à l’insensé que nous avions quittée un soir de mai à Istanbul. C'était il y a 11 ans.

©L'Equipe

L'époque des matches ternes et sans relief de l'ère Rodgers est révolue. Désormais, place au jeu, au football offensif, aux prises de risques et aux buts. Évidemment tout n'est pas parfait, les approximations et les erreurs ne sont jamais bien loin. Cependant cette équipe dispose d'un supplément d'âme avec l'ancien coach du Borussia Dortmund. A l'image de celui-ci, les joueurs ont la hargne, ce sont de véritables guerriers. Qui mieux que Sakho et son match de jeudi dernier pour illustrer ces propos. Son match c'est un placement approximatif sur les deux premiers buts mais une égalisation salvatrice concluant sa superbe deuxième mi-temps. Il est toujours présent dans les grands rendez-vous. Ce n'est pas nous, Français, qui allons dire le contraire. 
Sakho n'est pas le seul joueur à se métamorphoser sous la houlette du "Normal One". Divock Origi également. Le belge de 21 ans semble enfin lancé, en témoigne ses 4 buts sur ses 4 dernières sorties. 

Liverpool peut se mettre à rêver d'une victoire finale en Ligue Europa, lui ouvrant ainsi les portes de la Ligue des Champions la saison prochaine. Chose quasi inespérée au regard de leur début de saison calamiteux sous le commandement de Rodgers. 
Une qualification pour la coupe aux grandes oreilles permettrait à Klopp d'assouvir ses envies sur le mercato estival. De plus, avec le redressement financier que connaît le club, le coach allemand a les poches bien pleines pour effectuer la refonte de son effectif. Les noms de Lewandowski, Götze et Ben Arfa reviennent avec insistance ces derniers jours. Des hypothèses alléchantes.

Klopp ainsi que sa classe, son enthousiasme et sa spontanéité ont débarqué sur le bord de la Mersey et cela pour le plus grand bonheur des supporters qui sont Reds dingues de lui. 
Finalement à voir la manière avec laquelle il a su relancer la machine et créer cette belle dynamique, on doute que Jürgen Klopp soit aussi normal qu'il veut bien le prétendre.

mercredi 13 avril 2016

Blanc, ceinture noire de quart raté

Julien Lepers, en ancien présentateur de Questions pour un Champion qu'il est, a dû s'esclaffer hier soir devant son poste de télévision: "quatre à la suite!". Impossible de le lui reprocher puisque Laurent Blanc s'est incliné pour la quatrième fois en autant de tentatives en quart de finale de Ligue des Champions. Une fois avec Bordeaux et les trois dernières avec le PSG. La marche serait-elle trop haute pour le cévenol?

Laurent Blanc est en partie fautif du fiasco d'hier soir. En partie seulement, en effet les cadres de l'équipe le sont aussi. Pourtant ce sont dans les grands rendez-vous que les grands joueurs s'affirment. Force est de constater qu'il n'y en eut aucun lors de cette double confrontation mancunienne.
Le coach parisien n'a certes pas mis les joueurs dans les meilleures dispositions pour qu'ils s'expriment librement.
 
©l'Equipe

Blanc n'est pas connu pour être un adepte du changement. Quelle fut alors notre surprise au moment de l'annonce des compositions d'équipe. Troquer l'habituel et maitrisé 4-3-3 pour un innovant et surprenant 3-5-2. Un choix déconcertant. Même constat avec la double titularisation d'Aurier d'ailleurs. Seulement Héraclite nous avait peut être prévenu il y a quelques années : "rien n'est permanent, sauf le changement".
Ce système dans le football moderne n'est utilisé qu'en Italie et ceci par quelques équipes. La liste des récents vainqueurs sur la scène continentale parle d'elle-même. Aucun club n'a gagné la compétition avec pareille tactique. L'année dernière, la Juventus avait d'ailleurs adopté un 4-4-2 lors de la finale contre Barcelone. Les derniers vainqueurs italiens, Milan en 2007 et l'Inter en 2010, recouraient également à un autre système.

Blanc, en prenant ce pari, s'est fourvoyé. Avoir de l'audace ne signifie pas nécessairement détenir la vérité. Le tâtonnement expérimental n'a pas sa place en Ligue des Champions. Le coach parisien a pris un risque exagéré. En regard soit de l'adversaire soit de l'importance du match, cela peut s'apparenter à une faute professionnelle. Ensuite, son erreur est d'autant plus manifeste que Paris a commencé à exister en deuxième mi-temps lorsqu'il a changé le système. D'abord un passage à un 4-2-3-1 pour ensuite finir la rencontre en 4-3-3. Malheureusement le mal était fait. Paris a perdu une mi-temps à essayer de survivre. Ibra et Di Maria ont passé leurs temps à se marcher dessus. Aurier ne savait plus où se mettre. Le seul à avoir surnagé dans ce déluge francilien aura été le capitaine, comme un symbole, Thiago Silva.
Sans un manque de réussite des citizens, à l'image d'Agüero et de son pénalty manqué, le score final aurait pu être beaucoup plus lourd encore. 

Mis à part les choix désastreux d'un coach à la dérive, les parisiens n'ont pas eu ce supplément d'âme qui leurs avaient permis de se qualifier face à Chelsea l'année dernière. 
A voir la manière dont Ibra a plus pesé sur sa propre équipe que sur celle de son adversaire, il n'y avait que peu d'issue favorable à ce match. Bref, s'il y avait encore des partisans à une prolongation d'Ibra au PSG, le suédois a tout simplement mis fin à toute once de désir restant hier soir. Car indépendamment de ses deux coup francs il a plus souvent été en position de hors-jeu qu’en position de frappe. 

Le PSG est passé à côté de son quart de finale. Les motifs d'excuses existent. Les blessures, les suspensions et les méformes sont présentes. Cependant le football est fait d'aléas et il faut savoir s'en accommoder. Le PSG n'en est pas encore capable. Le "final four" européen est sur des cimes encore inconnu et inatteignable pour Paris. Sa hauteur lui donne le vertige. Cette équipe nous provoque la même sensation.
Une amélioration est possible tout comme les demi-finales. Cela passera par un questionnement sur les hommes en place. Personne n'est irremplaçable. Une régénération semble plus que nécessaire. Il faudra donc changer mais qu’importe puisque "rien n'est permanent, sauf le changement".

mardi 12 avril 2016

Paris à la Trapp?

A la fin on ne se souvient pas des perdants. Ce qui reste en mémoire ce sont les gagnants. Le destin de ces derniers se joue sur des détails et c’est bien sur ceux-ci que Paris doit s’appliquer. Il est primordial de s’appliquer pour ne rien regretter et ne pas s’arrêter pour la quatrième fois de rang aux portes du "final four" européen. Une défaite serait le signe d’un échec de la part des leaders actuels mais également du coach, tous censés amener ce club dans d’autres sphères. A Ibra de faire taire ses détracteurs et à enfin se montrer dans un grand rendez-vous.

Paris est bâti pour le faire. Le PSG possède les armes pour aller créer l’exploit à Manchester. Exploit car après avoir concédé le nul 2-2 à domicile, l’équipe francilienne se mue en outsider désormais. Une qualification outre-manche dans cette configuration serait alors encore plus délectable.
Ce soir peu importe le score final, le résultat sera donc le même … la porte. Reste à savoir si celle-ci restera fermée ou s’ouvrira enfin aux parisiens, qui depuis l’ère moderne de ce sport n’ont jamais atteint le stade des demi-finales de la compétition aux grandes oreilles.

©L'Equipe

Bref, que cette équipe redevienne cette machine imposant le respect à ses adversaires. Il faut mettre une intensité qui nous rappellera les matchs face à Madrid ou encore Chelsea. Évidemment la blessure de Verratti compilée aux suspensions de Matuidi et David Luiz rendent la tâche encore plus difficile. Mais est-il nécessaire de rappeler que le bonheur réside dans l’inattendu. Ce n’est certainement pas Jean d’Ormesson qui viendra contredire cela. 

Le PSG, disposant d’un très bel effectif et d’une aubaine que le sort leur a offerte en évitant Munich et Barcelone, peut enfin changer de catégorie et arpenter des territoires, qui dans son histoire récente, lui sont encore inconnus. 
Une élimination à ce stade de la compétition face à un adversaire abordable marquerait indubitablement un arrêt dans le projet parisien. De plus cela indiquerait la nécessité de tourner la page pour certains et donc le besoin de régénérer ce groupe. Pourtant Paris va le faire. Cette équipe va se qualifier et ainsi passer un cap en rentrant dans une autre sphère, celle juste avant la finale milanaise.

Sans oublier que gagner permettrait également de montrer aux grands d’Europe que Paris est à prendre très au sérieux. Il est nécessaire de prouver que ce club n'écrase pas seulement la concurrence nationale mais aussi continentale. Ensuite une qualification attirerait les joueurs qui autrefois étaient encore hésitants à venir signer. Car oui il ne faut pas l’oublier mais l’été prochain sera dans tous les cas agité dans la capitale. 

La clef de ce choc résidera dans la capacité des parisiens à tenir le ballon. Ce match sera très certainement une bataille de la terre du milieu. Paris doit dominer son sujet, faire courir ses adversaires et enfin très important, patienter. Patienter car à force d’essouffler les citizens, des brèches s'ouvriront et c'est à ce moment qu'Ibracadra fera parler sa magie.


vendredi 8 avril 2016

Delap touche au but

Football. Rien qu'à l'évocation de ce terme, un florilège de termes apparaît dans notre esprit. Passe, frappe, contrôle, tacle, dribble, coup du sombréro, bicyclette, volée etc … Les gestes techniques sont rois sur la planète du ballon rond. Quant est-il de la touche? Il est possible de considérer que la touche longue soit un geste technique. Le football est un art pour certains mais la touche longue également. Rory Delap ne dira pas le contraire.

L'irlandais n'a pas l'élégance d'un Zidane, la vision du jeu d'un Pirlo, la vitesse d'un Sterling ou encore la virtuosité d'un Messi. Alors pour qu'il soit souvenu, il est devenu spécialiste de la touche longue. Aussi précises qu'un centre, ses touches ont fait des ravages sur les pelouses de Premier League. Manuel Almunia, Tim Howard et Petr Cech  en ont fait les frais par exemple. Delap devient alors une star du web par le biais de ses missiles à têtes chercheuses. Certains osent même à croire que l'irlandais est plus doué avec ses mains qu'avec ses pieds, n'est-ce pas Luiz Felipe Scolari.

 
©telegraph.co.uk

Delap est un ancien lanceur de javelot. C'est pourquoi niveau lancer longue distance, il s'y connaît. D'ailleurs il est capable de lancer le ballon à 60km/h sur 40 mètres, devenant ainsi la terreur des défenseurs de Premier League. Ses victimes expiatoires se nomment Arsenal, Liverpool, Chelsea, Everton etc …

Il enchaîne alors les touches décisives le week-end.  L'espionnage industriel des concurrents de Stoke City ne décèlent pas le secret d'une telle réussite. Le principal intéressé répondra seulement que le secret réside dans la serviette. Essuyer le ballon avant de lancer suffirait pour amener une occasion de but ? Quel modeste ce Rory.

Plus qu'une arme fatale, la touche longue permet surtout de faire douter l'adversaire mais également de lui faire peur. Un regroupement de joueurs, un ballon en cloche et le tour est joué. Ainsi un cafouillage dans la surface adverse suffit parfois pour faire trembler les filets. Ensuite n'est pas Rory Delap qui veut, beaucoup se sont essayés, peu ont réussi. Oui parce qu'il ne faut pas l'oublier le football est un sport se jouant avec les pieds. Cependant durant certains matches, il arrive même que Delap touche plus le ballon avec ses mains qu’avec ses pieds, renvoyant inlassablement le danger dans la surface adverse.

Avant sa retraite, l'irlandais, aux 11 sélections, a passé le flambeau à Shotton. Ce dernier applique merveilleusement bien les consignes du père fondateur de la touche longue. Ce type de football n'est indubitablement pas aussi beau que celui développé par Cruyff ou Guardiola mais il est efficace. Felipe Luiz Scolari l'a dit lui-même, lorsqu'il était en place à Chelsea : "Ce n'est peut-être pas du beau football. Mais c'est efficace." C'est ici que réside peut être la devise de Stoke City à l'époque de Rory Delap.
Ce dernier est passé du statut de joueur inconnu à superstar du web et terreur des rectangles verts. Il a donc réussi à se forger une réputation mais surtout il a réussi à ce que l'on continue de parler de lui après avoir raccroché les crampons. Finalement Rory touche au but.



vendredi 1 avril 2016

Danse avec les tsars

Au terme d’un match enivrant, les Bleus remportent leurs 7ème succès en 8 rencontres (100 % de victoire si on enlève le match à Wembley). Tel le lac des cygnes de Tchaïkovski, l’équipe de France a dansé majestueusement mardi régalant ainsi le public. Une Russie dépassée s’est fait estoquer 4 à 2. La route vers l’Euro s’éclaircit et l’Edf a remis la lumière au stade de France.

7 buts en deux matchs et ceci par 7 protagonistes différents. Le danger vient de partout. D’ailleurs Payet et Griezmann ont inscrit de superbes coup-francs directs. En 4 jours, cette équipe en a mis autant que sur les 10 dernières années (Rothen en 2006 et Valbuena en novembre 2015). Cependant, tout n’est pas rose. La défense a pris l’eau sur les phases arrêtées défensives, en plus de 4 buts encaissés en deux matchs. Un mal récurrent chez nos Bleus, qu’ils devront absolument gommer en vue d’assouvir leur rêve de sacre continental. A leurs décharges, les nombreuses rotations cristallisent les marquages individuels prédéfinis avant le match. Digne en est la preuve vivante. Une entrée catastrophique mardi, après un match terne vendredi à Amsterdam. Face aux russes, il commet une faute idiote puis sur le coup franc qui suit, amenant le but, il lâche le marquage. Une défense en zone aurait été somme toute plus judicieuse. 


 ©lci.fr

Ces Bleus ne sont pas prêts mais ils s’en rapprochent sensiblement. L’équipe démontre un bel élan collectif ajouté à une force de frappe offensive inédite. Inédite, car cela fait bien longtemps que la France ne faisait pas autant trembler les filets. La véritable interrogation sur la suite revient nécessairement au cas Benzema. « Euro or not Euro, that is the question », Deschamps va devoir se pencher sur son cas. Est-il nécessaire de le rappeler ? L’attaque française peut être meilleure avec lui, mais l’inverse est possible également. Benzema a-t-il déjà été indispensable à l’équipe de France. A la suite d’un match, a-t-on déjà déclaré qu’il était devenu le patron de cette équipe. Malgré des saisons en boulets de canons en club, il ne s’est jamais rendu incontournable au niveau international. Constat encore plus visible aujourd’hui. Un excellent joueur de club ne signifie pas nécessairement la même chose en sélection.

Ensuite, Il est déjà arrivé par le passé que des sélections se passent de grands joueurs lors de grands rendez-vous. La France à l’Euro 96 avec le duo Cantona-Ginola. Une demie finale en 96 et un sacré mondial deux ans plus tard ont donné raison à Jacquet. L’Espagne en 2008 et 2010 s’est passé de Raul. La Côte d’Ivoire de Drogba à la CAN 2015 etc...

Le groupe vit bien et le centre de gravité de l’attaque française s’est déplacé autour de Griezmann. Les satellites Coman, Payet et Martial pour ne citer qu’eux semblent bien s’y accommoder. Alors pourquoi changer ? Puis, la façon dont joue l’équipe nécessite des attaquants de fixation tels que Giroud et Gignac, ce qui n’est pas réellement le cas de Benzema. Etant donné que les ailiers placés en faux pieds (gaucher à droite et inversement) repiquent dans l’axe, un point de fixation est plus qu’intéressant. Bref, au niveau de l’attaque aujourd’hui ça marche. Que dire du milieu, si ce n’est qu’il est exceptionnel. Ne cherchez pas, le seul chantier dans cette équipe réside dans la défense. Les journées portes ouvertes sont terminées messieurs !

Les Bleus se rapprochent de leur objectif final… être prêt pour le 10 juin. Certains ont gagné des galons, à l'image de Griezmann s’imposant de plus en plus comme le dépositaire de l’attaque tricolore. Finalement ces Bleus, à l’image du réunionnais de West Ham, envoient de la Payet !


mercredi 23 mars 2016

Serge vous n'Aurier pas dû


« C'est une fiotte ! ». Serge Aurier qualifie ainsi son entraineur sur Périscope, un réseau social. Dérapage non contrôlé de la part du parisien. Malheureusement ce n'est pas son premier. L'année dernière l’ivoirien parlait vertement de la maman d'un arbitre. Aurier nous montre définitivement qu’il est le meilleur latéral du monde concernant les débordements. Laurent Blanc préfèrerait que cela se limite au terrain.

Le jeune parisien n'est pas le seul à avoir connu des mésaventures de la sorte. Des précédents existent bien. A titre de comparaison, il est possible d'évoquer le cas de Bastareaud. Lors d'un rassemblement du XV de France ce dernier arrive en conférence de presse avec un œil au beurre noir. Il affirme avoir été agressé au sortir d'un bar. La vérité est tout autre. Une grande descente de houblon lui a provoqué une arrivée à terre trop violente. Surtout quand le coin d'une table est sur le chemin.
Avant d'effacer ce mensonge, le Premier Ministre kiwi avait tout de même fait des excuses nationales. Incroyable bêtise.

Les leçons du passé ne portent jamais. Les sportifs ne comprennent ni qui ils sont, ni le monde qui les entoure. Ce sont des personnages publics. Des obligations leur incombent. Leur bonne conduite publique est un élément constitutif du lien les unissant à leur employeur et à leurs supporters.

©Foot01.com

La négligence juvénile revient souvent comme l’argument excusant leurs erreurs. Certes la préméditation est définitivement à exclure. Cependant Aurier a tout de même discrédité publiquement son entraineur, ses coéquipiers et a fortiori son club. L’ivoirien n’a pas été licencié mais sa carrière parisienne est hypothétiquement à l'arrêt. Oui hypothétiquement, puisque le sort de celle-ci dépend de l’attitude du coach et des joueurs à la suite de l'affaire. Car il sera bien réintégré au groupe professionnel à la fin de la semaine, mais cela ne nous dit pas s’il en sera de même au sein du collectif. Un vestiaire fonctionne autour d’un cercle de confiance et notre ami Serge l’a brisé. Reste à connaître la capacité de pardon des joueurs parisiens.

L’attitude d’Aurier se démarque de celle normalement utilisée par les joueurs lorsqu’ils s’expriment. En effet ces derniers mettent la main devant la bouche. Ce qui évite de lire sur leurs lèvres. Le latéral droit parisien doit donc faire la différence entre la sphère publique et une conversation privée. Une nécessité de maturité en somme.
Le football semble coutumier du fait. L’argent rend fou les footballeurs et leurs entourages. Ces derniers ne les poussent pas toujours à s’élever. C’est bien malheureux.
Pour un sportif, le haut niveau se joue sur des détails. La moindre erreur peut être fatale. A croire qu'en dehors des terrains de jeu, il l'oublie.

L'attitude est évidemment regrettable. Cependant la bêtise n'est pas un délit. Dans la vraie vie, ces jeunes apprendraient le monde. En étant des sportifs de haut niveau, leur perception de celui-ci est biaisée. Aurier n'est finalement pas une fiotte mais un pénitent en quête de rédemption.

mardi 15 mars 2016

Plus personne ne s'embrasse sous le Guy

Ah qu’elle semble loin l’époque où la nomination de Guy Novès semblait être la réponse à tous les maux du XV de France. Force est de constater que le sorcier n’est pas magicien. Il ne dispose indubitablement pas de baguette magique. Cependant sa science de l’ovalie va faire des ravages. C’est une certitude. Il lui faut seulement du temps. Car on le sait tous, le temps arrange toujours les choses. Enfin pas pour tous, n’est-ce pas Philippe. Il faut juste espérer que les résultats arrivent avant l’horizon 2017 et le Japon.

En revanche il est possible de se demander si Guy Novès n’a pas sous-estimé le niveau international ? Car il faut bien l’avouer changer 3 fois de charnières et autant de fois de paires de centres en 4 matchs n’aide pas aux automatismes. Il semble nécessaire de réduire la rotation. Ensuite Novès a semble-t-il vraiment voulu se démarquer de son prédécesseur. PSA n’avait jamais battu l’Irlande et encore moins perdu face à l’Ecosse. Le sorcier prend le contrepied. Ah quel taquin ce Guy.  

 
 
©L'Equipe

Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. En effet, les deux essais tricolores marqués par Guirado et Fickou sont spectaculaires. Ils sont le fruit d’une alternance de jeu bien pensée, d’une belle patience et surtout d’une qualité technique épatante. En somme ces actions sont emblématiques du système de jeu souhaité par le staff technique tricolore. Cette équipe doit donc réitérer ces mouvements sur l’ensemble d’un match. Car mis à part ces essais, le match des Bleus est d’une pauvreté navrante. Eddie Jones, manager du XV de la Rose, résume assez bien le match de la France : « elle a montré qu’elle pouvait par moments proposer un rugby sublime. Bon ! parfois, c’était moins sublime ». Que ce soit la mêlée, l’attaque, la défense ou le jeu au pied, rien n’allait. Pourtant la mêlée écossaise n’est pas connue pour être la plus terrifiante. C’est dire la prestation de nos avants. D’ailleurs sur 12 mêlées 11 furent sous introductions écossaises. Pareille prestation samedi est inimaginable. L’équipe doit être capable d’alterner le jeu. Se contenter de ballons portés et espérer des pénaltouches est utopique. PSA es-tu encore là ?

Contre Galles, le jeu au pied d’occupation était inexistant mais là aussi, c’est à se demander s’ils ont étudié la vidéo. Il faut utiliser le jeu au pied offensif afin d’aller derrière le premier rideau. Car jouer au large et utiliser la vitesse n’est pas suffisant. La France a besoin d’un bon demi d’ouverture ! Trinh-Duc a déçu dans sa réussite et son utilisation du jeu au pied. Les Bleus auraient dû mener 10-0 si le montpelliérain n’avait pas « foiré » deux coups de pieds. Ces deux manqués l’ont a priori sorti de son match.

Cependant la défaite des Bleus n’est pas seulement due à leurs insuffisances criantes mais également au réalisme parfois chanceux des écossais. Stuart Hogg a montré une fois de plus qu’il faisait partie des tous meilleurs à son poste. Un essai et une passe volleyée à l’aveugle sont à mettre à son actif. Rien que ça. Puis, suite à la blessure de Russel, il s’est mué en chef d’orchestre et cela à seulement 23 ans et déjà 42 sélections. Impressionnant. Par ce match il a définitivement montré à ses coéquipiers qu’ils pouvaient l’appeler « Hoggy les bons tuyaux ».

La France doit se relever, se sublimer et montrer de l’audace afin de priver les anglais de Grand Chelem. La Perfide Albion vient à Saint-Denis pour gagner. A la France de les en empêcher. Finalement pourquoi ne pas s’embrasser sous le Guy samedi un peu avant minuit…